Cette cité dont le nom est aujourd’hui un peu oublié, se trouvait entre la place Pinel et la rue Jenner. Symbole de l’insalubrité qui frappait certains secteur de la ville, elle sera détruite au cours des opérations de rénovations de l’arrondissement.
La cité Doré fut bâtie en 1834, par un certain Monsieur Doré, chimiste qui possédait une propriété à cet endroit, dont le parc s’étendait sur une superficie de 12000 m2. L’ensemble était bordé d’arbres et longeait le mur d’enceinte des Fermiers Généraux.
En 1848, ce fameux parc sera “squatté” par des ouvriers venus rénover le chemin de ronde. Ils avaient l’habitude de passer leurs déjeuner et leur pause au sein de ces espaces verts si propice à la détente. Doré, le propriétaire ne s’en offusquait pas. Les travaux traînaient et la cohabitation perdurait sans heurts. Au bout de quelques temps quelqu’un lui souffla l’idée de diviser son parc en lotissement qu’il pourrait vendre ou louer à ses nouveaux camarades.
La chose fut donc entreprise. Si ces habitations restaient loin du confort “modernes”, elles n’en étaient pas moins hygiéniques et salubres. La nouvelle cité Doré fut même épargnée par l’épidémie de choléra qui frappa la ville en 1849. Très vite, ces petites maisons devinrent le refuge d’une population de chiffoniers. Cette tradition venait du fait que les premiers toits construits en toile goudronné n’avaient pas résisté aux intempéries. La population se mis en donc en quête de matériaux de remplacement rejeté par la capitale, parmi lesquels le fer blanc faisait fureur.
Hélas, de sombres manoeuvres politiciennes poussa le maire de la commune voisine (Ivry) à dénoncer la cité comme une nouvelle “cour des miracles”. Dans un second temps, Doré fut attaqué sous le prétexte que ses lotissements avaient été conçus sans autorisation municipale. Ces manigances poussèrent les bailleurs à céder leurs biens à des spéculateurs qui y feront bâtir des immeubles de 3 à 5 étages, divisés en petits logements.
Au fil des années, les conditions de vie devinrent de plus en plus accablantes. Les maladies d’époque se propageaient sur le terreau de la misère. En 1881, sur les 470 ménages qu’elle abritait, 66 vivaient de l’aide sociale.
Malgré cela, la cité Doré survivra au XXe siècle, tel un îlot de misère au coeur d’un quartier en pleine mutation. Elle sera sacrifiée sur l’autel des rénovations massives d’après guerre.
2 réponses
Marie Elmo
J’ai longtemps habité le XIIIe mais je ne connaissais pas cette histoire. Merci à vous! Grâce à votre blog, j’ai aussi découvert un documentaire qui aura été un de mes “chocs” (dans le bon sens du terme!) de cette année, “En remontant la rue Vilin”. Enfin, je ne sais pas si vous avez déjà parlé de la gare de l’avenue de St Ouen, mais en tout cas, comme elle est en cours de réhabilitation par une équipe artistique (“le Hasard Ludique”), elle sera ouverte à la visite lors des journées du patrimoine les 20 et 21 septembre. Je ne fais pas partie des organisateurs du projet mais je diffuse l’info car ces vieilles gares sont pour moi des lieux magiques. Bonne continuation et longue vie à votre blog.
Cordialement
Marie Elmo
J C
J’ai lu tous vos entrées de blog et vous avez vraiment facilité une conversation civique merveilleuse et positive à la fois en France et à l’étranger, merci.